Défi de la Baleine bleue à Béjaïa 18 enfants ont tenté de se suicider


Le 24-04-2018


La direction générale du CHU de Béjaïa a organisé le 16 avril dernier une journée de sensibilisation et d’information sur les dangers liés à Internet, notamment, au jeu de la Baleine bleue au niveau du CEM Naceria, afin de cibler les élèves ainsi que leurs parents.
En décembre 2017, ce jeu a fait deux victimes à Béjaïa, des lycéens âgés de 15 et 16 ans, originaires de Sidi Aïch, au sud de la wilaya.
Depuis cette date, d’autres tentatives de suicide à travers le défi de ce jeu morbide ont été enregistrées au niveau du CHU de Béjaïa, qui a créé une cellule de prise en charge médico-psychologique pour accueillir et prendre en charge les victimes.
Selon Bouzarari Fazia, du service de médecine légale du CHU, unité Franz Fanon, qui a présenté une vignette clinique d’un cas d’une fille âgée de 16 ans, «le CHU a enregistré pas moins de 18 cas d’enfants ayant tenté de mettre fin à leur vie à travers le défi que propose ce jeu Internet».
Mme Bouzarari a estimé, après son analyse de ce cas précis, que «la Baleine bleue est un jeu du web ne pouvant être qu’un facteur favorisant le suicide chez des sujets vulnérables présentant un terrain de troubles psychologiques préexistants. C’est le cas de cette patiente qui présentait un syndrome dépressif». En effet, le diagnostic psychologique sur la fille de 16 ans a remonté des «troubles de concentration, des troubles de l’attention, de sommeil, perte d’appétit, sentiments de culpabilité et des idées et scénarios suicidaires».
Des symptômes enclenchés par «des problèmes relationnels à l’école, mauvaises fréquentations en milieu scolaire avec notion de chantage de la part de ses camarades (prise de photos compromettantes) et absence de communication familiale».
Cette journée de sensibilisation a été marquée, notamment, par le témoignage d’un parent d’une élève originaire de Timezrit qui a échappé miraculeusement à ce jeu de la mort. Mme Djedjig, psychologue orthophoniste, qui a pris en charge cette enfant, a indiqué que «le changement du comportement de sa patiente, 14 ans, élève de la 3e année moyenne, a été constaté à la fin du premier trimestre de l’année 2018. L’échec scolaire serait le déclencheur principal de son recours à ce jeu, qui est perçu par les adolescents comme un moyen de se suicider».
L’essentiel des conférences présentées par les psychologues de la cellule de prise en charge médico-psychologique a traité de «la psychologie de l’enfant et de l’adolescent et la relation parents/adolescents», et du «comment communiquer avec son enfant», où des conseils pratiques ont été donnés par les spécialistes pour améliorer la communication entre les parents et leurs enfants. «Dans notre société, il existe un certain manque de communication dans la relation entre les parents et leurs enfants.
Ceci est en grande partie dû à l’existence de sujets tabous que les parents ont peur d’aborder, par crainte du pire, ou tout simplement parce qu’ils n’ont pas eux-mêmes communiqué avec leurs parents et ne jugent donc pas forcément nécessaire de le faire avec leurs enfants», atteste le psychologue Abbassi Abdeslam, dans son intervention.
Concernés au premier plan, les quelques parents présents ont eu droit à une communication sur «le contrôle parental», où Mme Adrar Meriem a donné des «signes d’alerte» identifiables sur les adolescents qui s’adonnent au jeu de la Baleine bleue. On peut observer dans ce cas, selon l’oratrice,
«l’attachement d’une façon anormale de l’enfant à son téléphone, son détachement de la vie sociale et familiale».
«Souvent l’enfant éprouve une baisse d’estime de soi, des sautes d’humeur, changement de ses habitudes et sommeil instable et perturbé en plus du sentiment de solitude», ajoute-t-elle.
En plus de la communication, les parents doivent «encadrer l’utilisation d’Internet, éviter de laisser un enfant seul devant l’écran, placer l’ordinateur dans une pièce commune, surtout pas dans sa chambre, afin de garder un œil sur ce qu’il fait. Et si votre adolescent possède un smartphone il faut limiter l’argent de poche pour diminuer au maximum l’accès à la 3G», avant que les signaux n’arrivent.


Par; Nordine Douici, El Watan du 22.04.2018
Bureau de l'Information, de la Communication et d'Ausio-visuel du CHU de Bejaia.

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